duminică, 2 mai 2010

UN PROPHETE PAS COMME LES AUTRES

UN PROPHETE PAS COMME LES AUTRES




« Un prophète » est le cinquième film de Jacques Audiard en tant que réalisateur, après »Regarde les hommes tomber » (1994), « Un héros très discret » (1996), « Sur mes lèvres » (2001) et « De battre mon cœur s’est arrêté » (2005).
C’est toujours lui qui signe les scénarios de ces films.
« Un prophète » est sorti en 2009, d’après une idée originale d’Abdel Raouf Dafri et co-écrit par Jacques Audiard, Thomas Bidegain et Nicolas Peufaillit. Il doit ses décors extraordinaires à Michel Barthélémy.
Un très bon film et très primé.
En 2009 il a emporté le Grand Prix du Jury au Festival de Cannes, le prix Louis-Delluc et le Prix des auditeurs du « Masque et la Plume », pour le meilleur film français. Tous mes lecteurs francophones ne savent pas que, depuis 1990, à l’initiative de Jérome Garcin – l’animateur de cette émission de France Inter – les auditeurs sont encouragés à désigner leur meilleur film français et étranger de l’année. J. Audiard est l’un des favoris des auditeurs du « Masque et la Plume », attendu que son film précédent – « De battre mon cœur s’est arrêté » a eu le même prix en 2005.
En 2010, « Un prophète » est récompensé du Prix Lumière – prix de la critique internationale en poste à Paris – pour le meilleur réalisateur et le meilleur acteur : Tahar Rahim.
A la 35-è cérémonie des Césars, présidée par Marion Cotillard, « Un prophète » connaît un succès éclatant, mais sans suspense, ni surprise. On s’attendait presque à ces 13 nominations qui ont valu à ce film 9 Césars, ce qui fait qu’ « Un prophète » l’emporte sur « De battre mon cœur s’est arrêté » qui ne s’en est adjugé que...8 en 2006 !
« Un prophète » se voit récompenser du César pour le meilleur espoir masculin (Tahar Rahim), le meilleur scénario, le meilleur photo – le prix de Stéphane Fontaine, qui l’a emporté également en 2002 pour « Sur mes lèvres « ,le meilleur second rôle masculin (Niels Arestrup, récompensé pour la deuxième fois sous la direction d’Audiard après « De battre mon cœur s’est arrêté »), le meilleur montage (Juliette Welfing), les meilleurs décors, le meilleur réalisateur, le meilleur film et le meilleur acteur : Tahar Rahim. C’est pour la première fois dans l’histoire des Césars qu’un comédien gagne, le même soir, le César du meilleur espoir et celui du meilleur acteur.
Jacques Mandelbaum, un critique du »Monde » écrivait en 2009 qu « il y aurait mauvaise grâce à ne pas voir dans cette fraternité entre le réalisateur et son personnage une vraie générosité de cœur.
C’est elle qui permet au premier de signer son meilleur film et au second de crever l’écran.(...) Ce n’est pas le grand soir, mais c’est sans doute le maximum qu’un cinéaste puisse faire à la place qui est la sienne. »
Audiard raconte les circonstances où il a connu le jeune Rahim. Celui-ci jouait dans une série – « La Commune » - pour Canal Plus, dirigée par un ami d’Audiard. Il a rencontré Rahim en se rendant au tournage de son ami.
Et, Audiard de continuer :
« Je suis revenu avec lui en voiture. On était trois sur la banquette arrière, j’ai su qu’un jour je tournerais avec lui, même si je ne l’avais jamais vu. »
Il existe une différence entre un bon cinéaste pur-et simplement et un grand artiste. Ce dernier est capable de faire devenir les lieux qu’il parcourt et les humains qu’il y rencontre. Ceux-ci donneront des fruits et ces fruits porteront la marque de l’Artiste. C’est comme une dynastie. Les vrais artistes ouvrent et élargissent le monde.
Mais revenons à nos...Césars. Une autre récompense, c’est l’Etoile d’or de la presse du cinéma français, pour le meilleur film, le meilleur réalisateur et le meilleur scénario. A Londres, « Un prophète » a emporté le BAFTA du meilleur film étranger, tout comme « De battre mon cœur s’est arrêté », en 2006.
« Un prophète » a été nommé également aux Oscars 2010, dans la catégorie « Méilleur film étranger ».
Ce film ne serait pas ce qu’il est sans ces gens-là, qui, par leurs corps, leurs mouvements et leurs voix, font qu’une idée devienne film, écrivent de leurs corps l’histoire sur l’écran – les comédiens. Ils sont mémorables et obsédants : Niels Arestrup, dans le rôle de Cesar Luciani, et Tahar Rahim, dans Malik.
Nous allons être bouclés avec eux pour deux heures trente et aurons un seul regret : que le temps passe trop vite, tant ce film est attachant.


I. LA CENTRALE


Malik El Djebena, un jeune maghrébin de 19 berges, analphabète et sans famille, est emmuré pour six ans dans une prison centrale pour avoir frappé un policier, bien qu’il nie l’avoir fait. A vrai dire, il ne semble pas ce genre de mec à même de frapper un flic. Lorsqu’il entre en centrale, Malik est maussade, empoté, rétractile et taciturne. C’est ainsi que commence ce film de prison, qui évoque « Le Trou » de Jacques Becker (1960), mais c’est plus qu’un film de prison : c’est un roman de formation et un film allégorique. La geôle est un microcosme et une métaphore du monde et de la vie.
Malik découvre peu à peu l’univers de la centrale. L’insersion dans un milieu quelconque est toujours violente. Même si vous n’attaquez pas, votre arrivée détermine les autres à serrer les rangs. Vous ne devez pas être là pour des prunes, vous y êtes pour quelque chose, évidemment.
Voici Malik dans la cour de la prison. Il n’a pas le temps de s’enorgueillir de ses chaussures neuves ; d’un coup, il se fait rosser, déchausser et voler et cela, sous les yeux des gardiens qui, dans ce film, font partie du décor et non pas de l’action et qui feignent de ne rien voir. Malik ne perd pas le temps, il observe la centrale, il apprend à se taire et, tout comme Vito Corleone du « Parrain » de Coppola, il se tient sur la réserve. Il comprend que la loi y est faite par un vieux Corse, César Luciani, qui jette les yeux sur le jeune Arabe si réservé et entend l’intégrer. Malik a « de la chance » :dans la centrale vient d’être enfermé un Arabe pédéraste, d’un clan rival, qui aurait pu faire le cafard mais qui ne le fera jamais, vu que Luciani veille à ce que la situation soit dominée par ses gens. Avec Malik, il trouve chaussure à son pied. Le jeune homme se fait rosser, et pour cause, il a besoin de protection,donc. Il en bénéficiera, mais ça se paye : Luciani fait à Malik une proposition que celui-ci ne peut pas refuser ; s’il refuse, il meurt, du fait qu’il en connaît la teneur. Malik doit tuer, même s’il ne l’avait jamais fait, doit devenir criminel pour éviter le rôle de la victime. Cela l’affole. Il frappe un prisonnier afin de se faire enfermer dans un cachot et échapper, de cette manière, à l’affreuse épreuve qui l’attend. C’est en vain. Il constate une fois de plus que les autorités de la prison sont, elles aussi, à la botte de Luciani.
Que faire ? Où s’enfuir ?


II. LE MEURTRE


Malik se fait rosser à maintes reprises pour avoir désobéi et pour n’avoir pas appris la leçon concernant le scénario du crime, que l’Arabe répète avec un Corse, qui joue le rôle de la victime : avec la complicité d’un gardien – à quelque chose gardiens sont bons – Malik doit s’introduire dans la cellule de Reyeb – le détenu qui doit mourir - , lui offrir ses faveurs et, au moment de la pleine extase, lui trancher la gorge avec une lame de rasoir dissimulée dans sa bouche. Malik a des problèmes avec cette lame, cette misérable arme du crime : elle lui donne le goût du sang et de l’horreur d’être et de rester vivant en supprimant la vie d’autrui.
Voici Malik dans la cellule de Reyeb. Celui-ci n’a aucun soupçon. Il est même tendre et se prépare pour une véritable leçon d’amour. Mais Malik a des problèmes avec sa lame qu’il ne réussit pas à dissimuler ; il se trahit. Reyeb réagit et un affreux corps à corps s’engage. Chacun défend sa vie : Malik ne sera pas un criminel. La scène, d’une tension insupportable, est étirée au maximum, avec des gros plans d’une rudesse farouche, qui font trembler pour la vie de Malik et souffrir pour le destin impitoyable de Reyeb. C’est alors que les destins des deux hommes se tressent indissolublement et, lorsque le sang jaillit de la gorge de Reyeb, baignant le corps et les habits de Malik, on marque le moment d’une renaissance, c’est le baptême du sang de Malik, organisé dans la prison par les Corses, c’est le moment où commence sa formation. Le sang est livré par Reyeb qui devient le frère, le conseiller et le confident de Malik. Il habitera le cerveau et le cœur du jeune Arabe lui prédisant l’avenir et lui donnant de bons conseils. C’est bien lui le prophète, le guide.
Extraordinaire, la scène du meurtre est capitale dans ce film.


III. LE RESEAU


Ce meurtre permet à Malik de s’endurcir et de comprendre le sens du sacrifice qui ne doit pas être inutile : Reyeb a fait son devoir, celui de mourir. C’est à Malik maintenant de venger cette mort et de lui assigner un sens.
J’ai oublié de vous dire que notre Arabe est illettré mais intelligent ; ça veut dire, en premier lieu, qu’il est adaptable et conscient de ses limites. Intelligent et adaptable, il commence par observer le milieu. Les Corses le protègent mais le traîtent d’ » esclave arabe » et il accepte avec une sérénité gaillarde la protection, de même que la soumission et les insultes. Il semble avoir le temps de son côté. A travers les six ans de prison, il apprend à lire et à écrire. On enseigne même le passé simple aux détenus. La sagacité de Malik lui dit que rien n’est inutile dans la vie et son intelligence prend vite la forme distributive d’un réseau où chaque nœud va jouer un rôle. S’il n’a pas de rôle, le nœud, on va lui en assigner un. Peu importe à Malik le mépris des Corses, tant que, discrètement, c’est lui qui bat les cartes. Il n’est plus le jeune maladroit et fragile pour lequel nous avons tremblé. Sa légèreté et sa gaillardise nous disent qu’il est devenu capable de manipuler ceux qui le méprisent et, comme il sait lire, il se met, à l’aide d’un dictionnaire, à apprendre le corse, la langue de ses prochains ; ça veut dire que la prison est d’abord une école de la vie. A un moment donné, il fait apprendre à Luciani qu’il comprend le corse. Pourquoi le fait-il ? Pourquoi ne pas taire ses habiletés ?
Les jeunes Corses avaient déménagé pour rejoindre une prison corse à la suite d’un décret du Président Nicolas Sarkozy. Seul, le vieux lion y est resté. Luciani n’a plus que Malik. Celui-ci est pressé d’en faire ses choux gras: offrir ses services, se rendre utile, pénétrer dans le réseau, bouger, évoluer. Le vieux lion le considère de son regard tendre-farouche et consent encore une fois à l’ »intégrer ». L’Arabe aura des missions dehors qu’il accomplira au nom de Luciani.
La prison est un réseau qui unit en principal Corses et Arabes. Le cerveau du réseau est Cesar Luciani. Corrompus, les gardiens français n’en sont que les figurants. Le champ de manœuvre est assuré par les Arabes qui « pensent avec les couilles », selon l’expression du même Luciani. Malik, lui, il est intelligent, sournois et débordant de vitalité. L’intelligence et la vitalité sommeillaient en lui lorsque Luciani a décidé de l’intégrer. Cesar Luciani est le vrai maître dans cette école de la vie qu’est la prison. Un maître dur, ayant la puce à l’oreille et autoritaire, qui entend que ce soit chaque fois lui qui donne les cartes : »Quand tu sors pour moi, tes sorties m’appartiennent ! »
Le monde où Malik sort n’est que le réseau plus grand qui enveloppe et organise le réseau réduit de la prison. Le cerveau qui découvre, invente et organise tous ces réseaux est...un réseau.
L’internet dont je me sers pour écrire est un réseau qui me permet de sortir, de sorte que mes sorties m’appartiennent.
Tout, autour de nous, est un réseau ; et notre cerveau, c’est le carrefour de tous ces réseaux. Il faut mettre au travail et à profit ce cerveau. C’est ce que Malik apprend de Luciani et ce n’est pas peu de chose. Luciani est une sorte d’abbé Faria qui parachève l’éducation de Malik. Mais, par rapport à Edmond Dantès, le futur comte de Monte-Cristo, Malik est plus inventif et assez madré.
Dehors, il saura utiliser son cerveau, ses amis, la confiance de Luciani et même ses ennemis. Il s’avèrera à même de « slalomer, composer avec les contraires, se débrouiller des rituels, des codes, des langues, des pièges, des férules, pour trouver son propre chemin » comme écrit quelque part François-Guillaume Lorrain, le critique du « Point ».
En prison, Malik s’était lié d’amitié avec un jeune Arabe, Ryad, marié, père d’un enfant et atteint par une maladie maligne. Libéré, celui-ci deviendra son meilleur collaborateur et lui offrira couvert et gîte au besoin. Le soir Malik doit regagner la prison et c’est seulement avec la participation de cet ami qu’il réussit à mettre sur pied une affaire (personnelle) de...stupéfiants. Ryad se laisse facilement convaincre, attendu qu’il a un enfant et il ne veut pas lui léguer rien qu’ « une télévision et un réfrigérateur ».
Luciani ne tarde pas à prendre ombrage de la débrouillardise de Malik qui joue à coup sûr et, pour l’entraver, le rappelle à l’ordre dans une scène d’une violence extrême où l’Arabe se fait rosser pour la dernière fois. Il l’a juré. Luciani accompagne sa réprimande de cette phrase mémorable : « Si tu bouffes, c’est à cause de moi ; si tu rêves, si tu penses, si tu vis, c’est à cause de moi », phrase qui ne trahit pas seulement la confiance contrariée d’un père autoritaire, qui « reste un père, même dans ses rigueurs », mais également le complexe irrépressible de supériorité de l’homme blanc qui entend postuler son rôle civilisateur : « Si tu bouffes (si tu as des ressources), c’est à cause de moi ; si tu rêves, si tu penses (si tu es en état de faire des projets), c’est à cause de moi, si tu vis (si tu as la vie sauve), c’est à cause de moi. »
Il dit « c’est à cause de moi », et non pas « grâce à moi » et ce n’est aucunement une négligence. Quand il assume ce rôle civilisateur, l’homme blanc ne désire pas absolument que son travail ait des conséquences positives sur les autres races, mais ce qu’il fait porte cependant la marque de sa civilisation et du progrès. Je ne dis pas que l’homme blanc exagère mais, de toute façon, il néglige quelque chose de très important : que le monde a évolué et, surtout, qu’il évoluera, que le sens de cette évolution reste imprévisible et qu’un prophète ne peut qu’en dénicher certaines directions. Pour le monde moderne, le Prophète n’existe plus, il n’y a que des prophètes aux pouvoirs amoindris.
Malik continuera de sortir et de ramifier son réseau parallèle. D’abord, il « travaille pour sa gueule » pour rejoindre finalement l’autre camp, celui des musulmans. Il n’est pas sanguinaire mais, de toute façon, s’est endurci et veut se venger contre Luciani de toutes les humiliations qu’il a dû subir. Il trahit le vieux mafieux et applique même le principe, très profitable d’ailleurs, suivant lequel les ennemis de mes ennemis sont mes amis : il donne la vie sauve à deux mafieux opposés à Luciani, malgré les ordres du vieux loup que Malik ne redoute plus.
Un moment significatif, c’est l’embarquement pour Marseille, où il voyage au nom de Luciani qu’il trahit. C’est pour la première fois qu’il vole et la première fois qu’il voit la mer. Il s’en réjouit et sa joie garde encore quelque chose de virginal. Quel grand acteur ce jeune Tahar Rahim, un comédien inépuisable aux possibilités étonnantes, un réservoir de nuances, très intelligent et bien sympa !
A Marseille, il collabore avec les musulmans, ennemis des Corses, et connaît un parent de Reyeb, sa victime, qu’il n’a aucunement voulu tuer. Les choses s’arrangent et il est invité à prendre un bain de mer. Malik reste prudent devant cet énorme félin qu’est la mer et ne fait que trempette. Il y a quelques gros plans avec la mer surprise dans son épaisseur avec ses « entrailles de raisin », comme dit le poète. Tout dans ce film est épais et dense, bien que la construction demeure rigoureuse. D’ailleurs la rigueur augmente l’épaisseur.
Cette ville de Marseille ouverte à tous les vents, à tous les astres, à tous les bougres, à toutes les affaires et à toutes les intrigues m’évoque une fois de plus Edmond Dantès, le héros d’Alexandre Dumas, de la même race et au destin similaire que Malik El Djebena. L’archipel du Frioul est propriété de la ville de Marseille depuis 1971. If, c’est la plus petite île de l’archipel, faisant face à Marseille. Sur l’îlot d’If se trouve la forteresse où Edmond Dantès, durant 14 ans, a dû tout apprendre sur la vie, sur les hommes, sur la fortune, sur la manière dont on peut se constituer un réseau et d’où il est sorti endurci et prêt à se venger.
C’est ainsi qu’on peut « creuser un tunnel » entre les deux prisons,à travers le temps, entre Edmond Dantès et Malik.


IV. LA CHUTE DU MAGICIEN


Les taulards sont tous dans la cour de la prison. Ils sont relâchés ; ils semblent prendre du soleil. Malik, toujours gaillard, se trouve dans le groupe des musulmans. Il ne va pas rejoindre Luciani sur le banc qui était le leur, bien que le vieux loup lui fasse, à maintes reprises, signe de tête de s’approcher. L’Arabe feint de ne pas y être. Luciani perd patience, se lève et, de sa démarche chaloupée, se dirige vers le groupe des musulmans. Juste à mi-chemin, deux Arabes lui coupent la route et le frappent violemment. C’est une véritable joute entre Malik et Luciani qui finit par la défaite du mâle dominant et l’arrivée au pouvoir du jeune mâle. Le soleil brille pour tout le monde... Le vieux loup hésite un peu, comprend qu’il n’a plus de chance et jette l’éponge. On le voit regagner bredouille son banc.
Comme d’habitude, les gardiens français n’ont rien vu.
Ainsi va le monde.


V. LA SORTIE


Les six ans sont passés. Malik est maintenant un homme véritable, un vrai leader, le chef d’un réseau qui lui apporte beaucoup d’argent, conscient de son intelligence, de sa ruse, de sa force. Mais, par rapport à Luciani, il n’est ni sanguinaire, ni rude, bien au contraire, il a le culte de l’amitié et on le voit capable de tendresse envers un enfant, ou une femme. Son ami Ryad est mort, rongé par une maladie impitoyable ; mais il n’a pas posé sa chique avant de « léguer » sa femme, Djamila, et son bébé à Malik, pour qu’ils soient vraiment protégés.
Djamila l’attend aux portes de la prison, l’enfant dans ses bras. Malik les rejoint. Ils ont l’air joyeux. C’est l’image de la famille heureuse. Mais on voit, derrière eux, des voitures qui semblent les filer. Cela peut donner lieu à plusieurs interprétations. Je n’en ferai pas une liste. Je crois que le cinéaste a voulu suggérer qu’il n’y a pas de rupture entre la prison et la société libre, entre « dedans » et « dehors », que la saga de Malik, née dans la prison, allait continuer, que la taule n’avait constitué que sa première étape.
Eh bien, on attend avec impatience la suite. Parfois, il est bon de se laisser enfermer.