miercuri, 14 august 2013

"Histoires sanglantes" - L'Affaire William Wallace




           HISTOIRES SANGLANTES – L’AFFAIRE WILLIAM WALLACE


           Un homme est la somme de ses actes, de ce qu’il a fait et de ce qu’il aurait pu faire. (André Malraux)


Dans l’un de leurs documentaires de la série intitulée Histoires sanglantes, (Bloody Tales of Europe) diffusée sur National Geographic, Joe et Susannah, que j’ai déjà présentés sur ce blog dans le postage Le Prince Vlad l’Empaleur, du 7 août a.c., s’occupent d’une autre grande figure de l’histoire médiévale; alors, nous allons voyager de Valachie en Ecosse et, du XV-è au XIII-è siècle. Nous restons donc au Moyen Age que, d’ailleurs, nous aimons tant.
Cette fois-ci, l’histoire est courte; Joe et Susannah vont faire vite. Le personnage central en est très connu: Sir William Wallace, surnommé Braveheart, qui naquit en 1272, dans une famille de petite noblesse. Au bout d’une dizaine d’années, l’Ecosse allait être soumise par le roi Edouard I-er d’Angleterre. William Braveheart s’élève contre l’autorité anglaise et libère son pays à la suite de la bataille de Stirling, en 1297: une belle victoire immortalisée par Mel Gibson dans son film extraordinaire Braveheart. Mais, une année plus tard, les Ecossais sont vaincus à Falkirk par le roi roi Edouard I-er, surnommé Longues Jambes, dont le fils, Edouard II, allait se marier avec Isabelle de France, la fille de Philippe le Bel, mais cela en 1308, trois années après l’exécution de William Wallace. Dans son film époustouflant, Mel Gibson prend la licence de  faire Isabelle s’enamourer de William Braveheart.
Après la défaite de Falkirk (1298), William passa en France. Les Ecossais étaient plutôt francophiles et Braveheart parlait très bien français et lisait en latin. Il revient en Ecosse en 1304 pour mener une vie de hors-la-loi. Il se décide alors de reprendre la lutte contre l’Angleterre, comptant sur l’appui des nobles, mais il est capturé près de Glasgow le 3 août 1305 par les hommes de sir John Menteith, attendu qu’après la défaite de Falkirk les nobles écossais s’étaient empressés à qui mieux, mieux à faire leur soumission au roi d’Angleterre.
Braveheart mourut à 33 ans, torturé et, finalement, décapité, le 23 août, 1305.
Joe et Susannah insistent énormément et furieusement sur la scène de la torture. Comme je vous l’ai déjà dit dans mon postage Le Prince Vlad l’Empaleur, du 7 août a.c., les documentaires de Joe et de Susannah se veulent démythifiants, alors qu’ils ne réussissent qu’à minimiser au lieu de démythifier.
Mais ce qu’ils nous font voir à propos de la torture est parfaitement vrai: William Wallace a été traîné par des chevaux sur plusieurs kilomètres, de Westminster à la Tour de Londres, où il a été à moitié pendu et, en même temps, progressivement éventré. Et comme il continuait à refuser de reconnaître la suzeraineté d’Edouard Longues Jambes, les bourreaux, après avoir épuisé leurs moyens, l’ont décapité.
Joe et Susannah avancent la thèse, d’ailleurs très chère aux démythificateurs, que c’est justement le bourreau qui rend célèbre la victime: dans notre cas, les tortures exécutées sur l’ordre d’Edouard I-er auraient largement contribué à la popularité de ce héros écossais. Comme s’il n’avait rien fait de son vivant et c’étaient la mort et les tortures ordonnées par Edouard Longues Jambes qui le rendaient populaire parmi les Ecossais!
Eh bien, j’avance à mon tour que cette idée  ne tient pas debout dans le cas particulier de William Wallace.
Premièrement, il fut exécuté à Londres, en Angleterre, devant un public hostile, qui le traitait en ennemi, vu que ces Anglais avaient perdu des parents dans les batailles de Stirling et de Falkirk. Il y avait peu d’Ecossais à Londres pour voir ce martyre. Ce qui comptait vraiment pour les Ecossais, c’était ce que William Braveheart avait fait: il avait vivifié leur fierté patriotique, à un moment où ils n’avaient plus de roi ni de dignité. La victoire de Stirling ne leur a pas donné de roi, mais, en échange, ils ont gagné un héros et leur dignité à eux. Dire cela, c’est dire la vérité et non pas idéaliser un homme qui est devenu héros par son action et son audace réellement hors du commun.
Deuxièmement, il faut rappeler à Joe et à Susannah qu’on est en 1305, à une époque qui n’a nullement les moyens de diffusion que connaît le monde actuel. Leur idée reposant sur le martyre des exécutions, avec un bourreau généreux qui assure, malgré soi, la célébrité de la victime, est un peu... hâtive, parce que valable seulement aux deux derniers siècles. La photographie et la caméra datent du XIX-è siècle, tandis que la télévision fut l’invention d’un autre Ecossais, John Baird, qui mit au point son invention en 1926. Même l'impression est l'apanage du XV-è siècle.


 Joe et Susannah emploient des lieux communs de la démythification, sans tenir compte des traits particuliers de chaque cas.
Finalement, on peut avancer l’idée que Joe et Susannah ont voulu justement affaiblir le sentiment nationaliste écossais qui perdure. Mais Edouard I-er Longues Jambes a voulu la même chose!
Mais sans succès. Vu qu’après cette exécution terrible, les Ecossais, pas du tout apeurés, se dressèrent contre l’Angleterre, sous le commandement de Robert Bruce qui s’était rallié les nobles et proclamé roi d’Ecosse. En cette qualité, il l’emporta sur l’armée anglaise en 1314, à Bannockburn, ce qui lui permit de proclamer l’indépendance de l’Ecosse, qui fut reconnue par les Anglais en 1328.
Tout cela prouve que l’action de même que le martyre de William Wallace portèrent de beaux fruits et que les choses ne tiennent pas aux champs comme elles sont ordonnées en chambre.




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