HISTOIRES SANGLANTES – L’AFFAIRE WILLIAM
WALLACE
Un
homme est la somme de ses actes, de ce qu’il a fait et de ce qu’il aurait pu
faire. (André Malraux)
Dans
l’un de leurs documentaires de la série intitulée Histoires sanglantes, (Bloody Tales of Europe)
diffusée sur National Geographic,
Joe et Susannah, que j’ai déjà présentés sur ce blog dans le postage Le
Prince Vlad l’Empaleur, du 7 août a.c., s’occupent d’une autre grande
figure de l’histoire médiévale; alors, nous allons voyager de Valachie en Ecosse
et, du XV-è au XIII-è siècle. Nous restons donc au Moyen Age que, d’ailleurs,
nous aimons tant.
Cette
fois-ci, l’histoire est courte; Joe et Susannah vont faire vite. Le personnage
central en est très connu: Sir William Wallace, surnommé Braveheart, qui naquit
en 1272, dans une famille de petite noblesse. Au bout d’une dizaine d’années,
l’Ecosse allait être soumise par le roi Edouard I-er d’Angleterre. William
Braveheart s’élève contre l’autorité anglaise et libère son pays à la suite de
la bataille de Stirling, en 1297: une belle victoire immortalisée par Mel
Gibson dans son film extraordinaire Braveheart. Mais, une année plus
tard, les Ecossais sont vaincus à Falkirk par le roi roi Edouard I-er, surnommé
Longues Jambes, dont le fils, Edouard II, allait se marier avec Isabelle de
France, la fille de Philippe le Bel, mais cela en 1308, trois années après
l’exécution de William Wallace. Dans son film époustouflant, Mel Gibson prend
la licence de faire Isabelle s’enamourer
de William Braveheart.
Après
la défaite de Falkirk (1298), William passa en France. Les Ecossais étaient
plutôt francophiles et Braveheart parlait très bien français et lisait en
latin. Il revient en Ecosse en 1304 pour mener une vie de hors-la-loi. Il se
décide alors de reprendre la lutte contre l’Angleterre, comptant sur l’appui
des nobles, mais il est capturé près de Glasgow le 3 août 1305 par les hommes
de sir John Menteith, attendu qu’après la défaite de Falkirk les nobles
écossais s’étaient empressés à qui mieux, mieux à faire leur soumission au roi
d’Angleterre.
Braveheart mourut à 33 ans, torturé et, finalement, décapité, le 23 août, 1305.
Joe
et Susannah insistent énormément et furieusement sur la scène de la torture.
Comme je vous l’ai déjà dit dans mon postage Le Prince Vlad l’Empaleur,
du 7 août a.c., les documentaires de Joe et de Susannah se veulent
démythifiants, alors qu’ils ne réussissent qu’à minimiser au lieu de
démythifier.
Mais
ce qu’ils nous font voir à propos de la torture est parfaitement vrai: William
Wallace a été traîné par des chevaux sur plusieurs kilomètres, de Westminster à
la Tour de Londres, où il a été à moitié pendu et, en même temps,
progressivement éventré. Et comme il continuait à refuser de reconnaître la
suzeraineté d’Edouard Longues Jambes, les bourreaux, après avoir épuisé leurs
moyens, l’ont décapité.
Joe
et Susannah avancent la thèse, d’ailleurs très chère aux démythificateurs, que
c’est justement le bourreau qui rend célèbre la victime: dans notre cas, les
tortures exécutées sur l’ordre d’Edouard I-er auraient largement contribué à la
popularité de ce héros écossais. Comme s’il n’avait rien fait de son
vivant et c’étaient la mort et les tortures ordonnées par Edouard Longues
Jambes qui le rendaient populaire parmi les Ecossais!
Eh
bien, j’avance à mon tour que cette idée ne tient pas debout dans le cas particulier de William Wallace.
Premièrement,
il fut exécuté à Londres, en Angleterre, devant un public hostile, qui le traitait
en ennemi, vu que ces Anglais avaient perdu des parents dans les batailles de
Stirling et de Falkirk. Il y avait peu d’Ecossais à Londres pour voir ce
martyre. Ce qui comptait vraiment pour les Ecossais, c’était ce que William
Braveheart avait fait: il avait vivifié leur fierté patriotique, à un
moment où ils n’avaient plus de roi ni de dignité. La victoire de Stirling ne
leur a pas donné de roi, mais, en échange, ils ont gagné un héros et leur
dignité à eux. Dire cela, c’est dire la vérité et non pas idéaliser un homme
qui est devenu héros par son action et son audace réellement hors du commun.
Deuxièmement,
il faut rappeler à Joe et à Susannah qu’on est en 1305, à une époque qui n’a
nullement les moyens de diffusion que connaît le monde actuel. Leur idée
reposant sur le martyre des exécutions, avec un bourreau généreux qui assure, malgré soi, la célébrité de la victime, est un
peu... hâtive, parce que valable seulement aux deux derniers siècles. La
photographie et la caméra datent du XIX-è siècle, tandis que la télévision fut
l’invention d’un autre Ecossais, John Baird, qui mit au point son invention en
1926. Même l'impression est l'apanage du XV-è siècle.
Joe et Susannah emploient des lieux communs de la démythification, sans
tenir compte des traits particuliers de chaque cas.
Finalement,
on peut avancer l’idée que Joe et Susannah ont voulu justement affaiblir le
sentiment nationaliste écossais qui perdure. Mais Edouard I-er Longues Jambes a
voulu la même chose!
Mais
sans succès. Vu qu’après cette exécution terrible, les Ecossais, pas du tout
apeurés, se dressèrent contre l’Angleterre, sous le commandement de Robert
Bruce qui s’était rallié les nobles et proclamé roi d’Ecosse. En cette qualité,
il l’emporta sur l’armée anglaise en 1314, à Bannockburn, ce qui lui permit de
proclamer l’indépendance de l’Ecosse, qui fut reconnue par les Anglais en 1328.
Tout
cela prouve que l’action de même que le martyre de William Wallace portèrent de
beaux fruits et que les choses ne
tiennent pas aux champs comme elles sont ordonnées en chambre.
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