sâmbătă, 2 decembrie 2017

AIMEZ-VOUS PAGANINI?




                                  


         <<Quel homme! Quel violon! Quel artiste! Quelle souffrance, quelle angoisse, quels tourments ces quatre cordes peuvent exprimer>>, s'exclamait Liszt après avoir vu et écouté Paganini - un génie du violon.
         Paganini est né le 27 octobre 1782 à Gênes, dans une famille modeste, mais tous les deux parents étaient amateurs de musique. Son père était docker dans le golfe de Gênes, mais c'était la mandoline son violon d'Ingres. À propos du nom du peintre, c'est justement Dominique Ingres qui allait faire le portrait du grand violoniste, le plus grand qui ait jamais existé, et qui, à l'âge de cinq ans, apprit la mandoline avec son père.
         Tout allait bien quand, une nuit, sa mère fit un rêve: elle rêva de son petit Niccolò qui jouait du violon, en soliste, devant un grand orchestre! Quel rêve! La famille en fut émue et on décida que les garçons allaient apprendre le violon; le frère aîné de Niccolò, Carlo, fut lui aussi violoniste.
         Le 27 octobre 2017 Niccolò Paganini vient de souffler ses 235 bougies. Quelle fête! Non, je n'ai pas oublié. Comment j'eusse pu oublier? J'y ai pensé tout le temps! J'avais déjà choisi les morceaux de musique par lesquels j'allais le célébrer, mais un emploi du temps très chargé, le trafic, la fatigue et les événements tragiques du temps dernier (la mort prématurée de Hvorostovsky qui nous a tant affligés) m'ont empêchée de m'en occuper. J'y suis arrivée en retard, voilà tout, mais je pense que mieux vaut tard que jamais. L'important est de ne pas manquer l'événement, vu que c'est à un phénomène qu'on assiste: quelque chose d'inouï et d'époustouflant. Le grand Goethe décrit le génie de Paganini comme une <<colonne de flammes et de nuées. J'ai simplement entendu qu'une sorte de météore et je n'ai pas pu me rendre compte. Je pense qu'un tel phénomène n'est pas expliquable par le seul jeu des lois humaines.>>
         Parmi ses admirateurs il convient de citer Franz Schubert, Robert Schumann, Liszt, Berlioz, Chopin, de grands musiciens qui s'y connaissaient...
         Chopin reprend ensorcelé l'idée de Goethe:
         <<Le jeu de Paganini ne peut s'expliquer par les seules forces humaines: son art n'est pas une simple merveille, mais un prodige hors nature.>>
         Berlioz se souvenait de lui comme d'un <<homme à la longue chevelure, à l'œil perçant, à la figure étrange et ravagée, un possédé du génie, un colosse parmi les géants...>>
         Mais le portrait le meilleur, nous le tenons d'Henri Vieuxtemps, violoniste lui aussi. Le Belge l'avait vu et écouté lorsqu'il n'avait que dix ans, mais ses notations sont d'une exactitude remarquable:
         <<Grand émoi! Sensation! Absence de faim et de soif! Il y avait de quoi. Je m'en souviens encore. Je le vois. Les applaudissements qui l'accueillirent n'avaient pas de fin. Pour quelque temps, il avait l'air de s'en amuser et, quand il en avait assez, d'un coup d'œil d'aigle, diabolique, il regardait le public et lançait un trait, une fusée éblouissante, partant de la note la plus grave du violon jusqu'à la plus élevée, avec une rapidité, une puissance de son, une clarté, un étincellement de diamant si extraordinaire, si vertigineux que déjà chacun  se sentait subjugué, fanatisé.>>
         C'est Paganini en interaction avec son public. Grâce à Vieuxtemps, nous commençons à le voir, à le sentir et nous en sommes ravis.
         En 1828, il entreprend des tournées à Vienne et à Prague. En 1829, on le trouve en Allemagne et en Pologne. En Allemagne, il rencontre Schumann qui compose ses douze études d'après Paganini. Mais il connaît son plus grand succès à Paris, en 1831, où il donne 10 concerts en 5 semaines et 59 concerts en 6 mois. Puis on le trouve en Angleterre, en Belgique et aux Pays-Bas. La salle était chaque fois bondée nonobstant le prix très souvent doublé du billet. On apprécie que, grâce à ces tournées, Paganini a gagné, plusieurs fois, son propre poids en or.
         Mais le moment le plus brillant fut à Paris, où le prix des billets avaient doublé et le critique musical François Castil-Blaze conseillait les Parisiens affolés de vendre <<tout ce que vous possédez, bradez tout, mais allez l'entendre. C'est le plus impressionnant, le plus surprenant, le plus merveilleux, le plus miraculeux, (...), le plus inattendu des phénomènes jamais survenus.>>
         Castil-Blaze présente Paganini comme un mec bien fait et séduisant:
         <<Cinq pieds, cinq pouces, taille de dragon, visage long et pâle, fortement caractérisé, bien avantagé au nez, œil d'aigle, cheveux noirs, longs et bouclés. Les prunelles, étincelantes de verve et de génie, voyagent dans l'orbite de ses yeux.>>
         Une présence inoubliable, n'est-ce pas? Quel dommage de n'avoir pas d'enregistrements avec Paganini - violoniste ou Mahler - chef d'orchestre. Quel miracle de la technique, l'enregistrement! Que nous sommes heureux maintenant d'en disposer!
         Heureusement, Paganini n'est pas seulement le plus grand violoniste de tous les temps, mais également un remarquable compositeur. J'ai eu l'embarras du choix quand j'ai dû choisir quelques morceaux de son œuvre si riche.
         Maintenant, j'aime vous emmener en l'ensorcelante Italie, au Carnaval de Venise, où vous allez écouter jouer Vadim Repin avec Berliner Philharmoniker, ayant à sa tête Mariss Jansons.
         Deuxièmement, je vous offre le Concerto pour violon no 1, en mi-bémol majeur. Je le trouve si beau que je le place parmi les meilleurs, après le Concerto pour violon de Mendelssohn, le Concerto pour violon no 5 de Mozart et le Concerto pour violon en la mineur de Bach. Vous allez écouter jouer Itzhak Perlman, qui donne une des meilleurs versions de ce concerto et la plus sensible, avec Royal Philharmonic Orchestra, dirigé par Lawrence Foster.
         Finalement, je vous propose Variations sur la corde de sol ou Mose Fantasia ou Variations sur un thème de Moïse en Egypte, de Rossini, quand vous allez écouter <<le violoncelle enchanté>> de Paul Tortelier (1914-1990).

         L'enchantement existe, vous devez y croire!  

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