Quelle journée! La matinée, je l'ai vécue sur Mezzo, avec Maria Stuarda de Donizetti (1797-1848), réalisée par David McVicar, le chef d'orchestre étant Maurizio Benini. Cette année, le 29 novembre, nous allons célébrer 220 ans après la naissance de Gaetano Donizetti. Cet opéra fut monté à New York, au Met, en 2012. Deux choses ont attiré mon attention: la qualité extraordinaire des chanteurs - Joyce DiDonato comme Marie Stuart, Elza van den Heever comme Elisabeth ou Matthew Polenzani comme Robert Dudley - et cette tension qui se crée entre la vérité historique de ce pays des brumes qu'est l'Angleterre et la vision du compositeur italien. Il faut préciser que le monde catholique du XVI-è siècle fut profondément troublé par l'exécution jusque là inouïe et inacceptable d'une tête couronnée, catholique par-dessus tout. Les protestants, eux, étaient et le sont de nos jours aussi d'un tout autre avis.
Le XIX-è siècle romantique a largement favorisé l'image aventureuse de la reine Marie Stuart, l'image endolorie de la victime. Donizetti est romantique et catholique à la fois. On s'attend donc à ce qu'il crée à Marie Stuart une image pleine de passion, travaillée par les regrets et les remords. D'autre part, la reine protestante apparaît comme froide, rationnelle, quoique jalouse, vengeresse et méchante. Mais faire que Robert Dudley, comte de Leicester soit amoureux de la reine écossaisse, c'est une énormité - une licence, d'accord - mais c'est énorme et inacceptable au point de vue historique. Leicester, lui, a été même soupçonné d'avoir conseillé à Elisabeth d'empoisonner Marie Stuart pour éviter le scandale d'une exécution. La reine catholique n'était pas aimée en Angleterre où était envisagée comme une menace pour le trône et pour la majorité protestante. Les historiens nous disent qu'Elisabeth avait tenté d'approcher Marie Stuart des protestants en lui proposant de se marier en secondes noces avec Robert Dudley pour mieux la contrôler, mais, vexée, la reine catholique refusa une telle mésalliance avec un Maître de Cavalerie et amant d'Elisabeth par-dessus le marché. Et puis Robert Dudley était trop lié à la reine protestante, ils s'aimèrent vraiment et elle l'accabla d'honneurs et de bienfaits: il devint comte de Leicester et Lieutenant général du Royaume. Il était un homme à femmes, il est vrai, mais dire qu'il était amoureux de Marie Stuart, c'est ridicule, même si elle était belle.
Très bien réalisée dans cet opéra est l'opposition entre Marie Stuart et Elisabeth I-ère d'Angleterre. Marie est la victime furieuse contre elle-même et contre sa rivale, qui se reproche sans cesse d'avoir commis de graves fautes et qui se voit maintenant dans une situation sans issue. Elisabeth maîtrise la situation, mais se voit travailler par la jalousie et par la conscience que l'autre avait tramé des complots contre elle et continue de le faire. Pour toutes les deux, la situation est vraiment sans issue: il n'y a pas de place pour deux reines.
Deux mots encore sur la mezzo-soprano Joyce DiDonato: sa belle voix flotte dans la salle, tandis que la lumière verte de ces beaux yeux verdâtres prolonge cette voix jusqu'au tréfonds de nos cœurs, comme pour avouer des choses que seul le regard puisse encore avouer.
Au déjeuner, j'ai mangé de la pastèque - ça donne la pêche -, dans l'après-midi j'ai boulonné et le soir - ah, le soir! - j'ai vu La La Land, ce film de Damien Chazelle où j'ai beaucoup aimé le personnage de Sébastien (Ryan Gosling), cet homme tendre et dévoué qui perd tout - son emploi, la femme qu'il aime et qu'il soutient - mais garde la musique, le jazz véritable, qui finalement sauve sa vie et devient son œuvre. Ce film, c'est une ode à la musique, au jazz - nous sommes en plein été américain, vous savez? - , à la danse et à l'amour qui fait que le rêve devienne réalité. Sébastien et Mia volent au-dessus de la terre et des bâtiments comme des anges ou comme les amoureux de Marc Chagall, comme le font les amoureux depuis toujours, tant qu'ils sont amoureux.
Ce film s'est adjugé 6 Oscars et 8 nominations, 7 Golden Globes, 5 prix BAFTA et 6 nominations.
C'est un bon film, mais c'est un peu trop! Trop de prix! Par endroits, ce long métrage est assommant et la comédienne Emma Stone qui a remporté un Oscar pour meilleure actrice en rôle principal n'est pas convaincante et n'a pas de voix. Même pas du tout.
A minuit, j'ai vécu l'événement qu'il fallait de toute façon laisser pour la bonne bouche: j'ai revu, sur Cinemax II, ce film extraordinaire qu'est Behind the Candelabra (Ma vie avec Liberace) de Steven Soderbergh, sorti en 2013, un film biographique qui s'appuie sur le livre de Scott Thorson, le chauffeur et l'amant du pianiste de music-hall Valentino Liberace (1919-1987) Cet artiste homosexuel dont l'objet fétiche était le candélabre qu'on pouvait admirer chaque fois sur son piano cultivait la démesure, le luxe et l'excès, tant sur scène, où il pénétrait parfois en automobile et faisait semblant de s'envoler, que hors scène. Il jouait du Chopin et du Strauss remaniés, devenant célèbre entre 1950-1970, quand il fut l'artiste le mieux payé au monde. Lorsqu'il mourut du sida en 1987, il possédait 13 villas et une fortune estimée à 100 millions de dollars. Il eut plusieurs amants, parmi lesquels Scott Thorson interprété par Matt Damon.
Ce film est un poème, un vrai bijou, une merveille décadente, crépusculaire où un grand artiste s'éteint petit à petit, se prépare à mourir, tout en essayant désespérément de profiter de la vie, de tout ce qu'elle a d'éclatant et de caressant. C'est un film biographique, mais l'action n'y compte pas. Tâchez de l'envisager comme un morceau de musique, comme un poème symphonique pour pouvoir y pénétrer et sucer la moelle. Là, vous découvrirez Michael Douglas, comme Liberace, un Michael Douglas époustouflant et génial, dont la prestation valait tous les Oscars du monde! ( Il a eu un Golden Globe pour le meilleur acteur dans un téléfilm, attendu que ce film fut produit pour la chaîne de télévision HBO). Douglas a reçu ce rôle comme un cadeau de la part de Soderbergh, juste après sa maladie et sa guérison du cancer; il l'a reçu comme un deuxième miracle... La vie et l'art nous en réservent de temps en temps.
Le XIX-è siècle romantique a largement favorisé l'image aventureuse de la reine Marie Stuart, l'image endolorie de la victime. Donizetti est romantique et catholique à la fois. On s'attend donc à ce qu'il crée à Marie Stuart une image pleine de passion, travaillée par les regrets et les remords. D'autre part, la reine protestante apparaît comme froide, rationnelle, quoique jalouse, vengeresse et méchante. Mais faire que Robert Dudley, comte de Leicester soit amoureux de la reine écossaisse, c'est une énormité - une licence, d'accord - mais c'est énorme et inacceptable au point de vue historique. Leicester, lui, a été même soupçonné d'avoir conseillé à Elisabeth d'empoisonner Marie Stuart pour éviter le scandale d'une exécution. La reine catholique n'était pas aimée en Angleterre où était envisagée comme une menace pour le trône et pour la majorité protestante. Les historiens nous disent qu'Elisabeth avait tenté d'approcher Marie Stuart des protestants en lui proposant de se marier en secondes noces avec Robert Dudley pour mieux la contrôler, mais, vexée, la reine catholique refusa une telle mésalliance avec un Maître de Cavalerie et amant d'Elisabeth par-dessus le marché. Et puis Robert Dudley était trop lié à la reine protestante, ils s'aimèrent vraiment et elle l'accabla d'honneurs et de bienfaits: il devint comte de Leicester et Lieutenant général du Royaume. Il était un homme à femmes, il est vrai, mais dire qu'il était amoureux de Marie Stuart, c'est ridicule, même si elle était belle.
Très bien réalisée dans cet opéra est l'opposition entre Marie Stuart et Elisabeth I-ère d'Angleterre. Marie est la victime furieuse contre elle-même et contre sa rivale, qui se reproche sans cesse d'avoir commis de graves fautes et qui se voit maintenant dans une situation sans issue. Elisabeth maîtrise la situation, mais se voit travailler par la jalousie et par la conscience que l'autre avait tramé des complots contre elle et continue de le faire. Pour toutes les deux, la situation est vraiment sans issue: il n'y a pas de place pour deux reines.
Deux mots encore sur la mezzo-soprano Joyce DiDonato: sa belle voix flotte dans la salle, tandis que la lumière verte de ces beaux yeux verdâtres prolonge cette voix jusqu'au tréfonds de nos cœurs, comme pour avouer des choses que seul le regard puisse encore avouer.
Au déjeuner, j'ai mangé de la pastèque - ça donne la pêche -, dans l'après-midi j'ai boulonné et le soir - ah, le soir! - j'ai vu La La Land, ce film de Damien Chazelle où j'ai beaucoup aimé le personnage de Sébastien (Ryan Gosling), cet homme tendre et dévoué qui perd tout - son emploi, la femme qu'il aime et qu'il soutient - mais garde la musique, le jazz véritable, qui finalement sauve sa vie et devient son œuvre. Ce film, c'est une ode à la musique, au jazz - nous sommes en plein été américain, vous savez? - , à la danse et à l'amour qui fait que le rêve devienne réalité. Sébastien et Mia volent au-dessus de la terre et des bâtiments comme des anges ou comme les amoureux de Marc Chagall, comme le font les amoureux depuis toujours, tant qu'ils sont amoureux.
Ce film s'est adjugé 6 Oscars et 8 nominations, 7 Golden Globes, 5 prix BAFTA et 6 nominations.
C'est un bon film, mais c'est un peu trop! Trop de prix! Par endroits, ce long métrage est assommant et la comédienne Emma Stone qui a remporté un Oscar pour meilleure actrice en rôle principal n'est pas convaincante et n'a pas de voix. Même pas du tout.
A minuit, j'ai vécu l'événement qu'il fallait de toute façon laisser pour la bonne bouche: j'ai revu, sur Cinemax II, ce film extraordinaire qu'est Behind the Candelabra (Ma vie avec Liberace) de Steven Soderbergh, sorti en 2013, un film biographique qui s'appuie sur le livre de Scott Thorson, le chauffeur et l'amant du pianiste de music-hall Valentino Liberace (1919-1987) Cet artiste homosexuel dont l'objet fétiche était le candélabre qu'on pouvait admirer chaque fois sur son piano cultivait la démesure, le luxe et l'excès, tant sur scène, où il pénétrait parfois en automobile et faisait semblant de s'envoler, que hors scène. Il jouait du Chopin et du Strauss remaniés, devenant célèbre entre 1950-1970, quand il fut l'artiste le mieux payé au monde. Lorsqu'il mourut du sida en 1987, il possédait 13 villas et une fortune estimée à 100 millions de dollars. Il eut plusieurs amants, parmi lesquels Scott Thorson interprété par Matt Damon.
Ce film est un poème, un vrai bijou, une merveille décadente, crépusculaire où un grand artiste s'éteint petit à petit, se prépare à mourir, tout en essayant désespérément de profiter de la vie, de tout ce qu'elle a d'éclatant et de caressant. C'est un film biographique, mais l'action n'y compte pas. Tâchez de l'envisager comme un morceau de musique, comme un poème symphonique pour pouvoir y pénétrer et sucer la moelle. Là, vous découvrirez Michael Douglas, comme Liberace, un Michael Douglas époustouflant et génial, dont la prestation valait tous les Oscars du monde! ( Il a eu un Golden Globe pour le meilleur acteur dans un téléfilm, attendu que ce film fut produit pour la chaîne de télévision HBO). Douglas a reçu ce rôle comme un cadeau de la part de Soderbergh, juste après sa maladie et sa guérison du cancer; il l'a reçu comme un deuxième miracle... La vie et l'art nous en réservent de temps en temps.
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